Dans une économie avec contraintes de liquidité, les individus ont plus de difficultés à créer leur entreprise faute d’un financement suffisant de la part des banques. Nous étudions l’effet de telles contraintes et aussi celle des coûts de création d’entreprise sur la relation entre la richesse individuelle et la proportion de travailleurs indépendants dans l’économie. Les banques acceptent d’accorder des crédits dès lors que la richesse individuelle est susceptible de constituer une garantie suffisante aux prêts. Dans une telle économie, la probabilité de se mettre à son compte augmente donc avec la richesse individuelle. Le modèle dynamique de choix de création d’entreprise, développé dans cet article, prédit effectivement une relation croissante entre le niveau de richesse et la proportion de travailleurs indépendants dans l’économie. Il prédit également que cette relation croissante s’affaiblit lorsque nous tenons compte des coûts de création d’entreprise. Trois bases de données (Share, Elsa et HRS) fournissent des informations comparables sur les individus de plus de 50 ans dans neuf pays caractérisés par des niveaux semblant très hétérogènes de coûts de création d’entreprise et de contraintes de liquidité. Les estimations tendent à confirmer que les contraintes de liquidité pèsent effectivement sur la décision de se mettre à son compte. De plus, les coûts de création d’entreprise affaiblissent la relation entre la richesse individuelle et la probabilité d’être travailleur indépendant : l’influence des contraintes de liquidité sur la création d’entreprise est moins grande quand les coûts de création d’entreprise sont plus importants. Notre résultat souligne l’importance de l’impact conjoint des contraintes de liquidité et des coûts de création d’entreprise dans la décision de se mettre à son compte. Une politique d’aide financière aux entrepreneurs serait peu efficace si les coûts de création d’entreprise demeurent élevés.